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L'âne et la carotte

  • La rêveuse en orbite
  • 8 sept.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 oct.

Carnet d’orbite — chronique d’une bourrique qui vise toujours les étoiles.


Mi-juillet. Le sol s’est à nouveau ouvert sous mes pieds. Ma sœur et associée, vient de nous annoncer qu’elle souhaite vendre la boite, balayant d’un revers l’investissement personnel que j’avais mis dans l’entreprise familiale.

 

Perdue entre les murs de l’appartement et dans mes pensées, j’ai de plus en plus de mal à trouver quelque chose de positif à quoi me raccrocher, à trouver une carotte à faire pendre devant l’âne que je suis…

 

L’âne et la carotte… Voilà bien une image qui m’a toujours fait sourire.

 

J’ai toujours imaginé qu’il existait un grand « Maître des Carottes » qui venait régulièrement en poser une devant chacun d’entre nous pour nous faire avancer.

Sûrement parce que j’ai toujours besoin d’un but, d’un défi à relever.

Sûrement parce que l’image d’un accomplissement possible m’a toujours enthousiasmée.

 

Bien sûr, je ne suis pas si concon ! Je sais que la carotte est un leurre, fait pour faire avancer les bourricots que nous sommes. Mais, même s’il y a fort à parier que nous ne réussirons jamais à l’attraper, l’optimiste que je suis continue d’espérer.

 

D’ailleurs, en analysant l’image de l’âne et de la carotte de près, il me semble que c’est peut-être, là aussi, l’une des clefs de mon existence.

 

Je m’explique.

 

Je m’auto-alimente de rêves, de projets, d’envies… J’accorde sans compter ma confiance aux autres, persuadée qu’ils portent en eux des forces qu’ils ignorent encore.

 

Comme dans un bon film de Disney, ma Blanche Neige intérieure imagine que nous sommes tous capables de nous remettre en question, d’avancer, de soulever des montagnes, de chercher à donner une vraie consistance à notre petite existence d’humain dont les secondes sont comptées.

 

Alors je me sers de cette carotte pour donner un sens à ma vie.

 

Après tout, puisque j’existe et que j’ai une rage de vivre si forte, pourquoi les autres ne seraient-ils pas comme moi ?

 

Et là, constat d’effroi : je suis ma propre carotte.

Oui, oui ! Je suis suffisamment dingue pour être l’âne et la carotte ! Les deux en même temps !

 

C’est moi que je recherche dans mes échanges avec les autres et dans toutes les remises en question que cela génère chez moi. C’est la légitimité de toute mon existence que je recherche dans les défis que je me lance, dans ma soif de guérir le monde, de sauver les âmes perdues.

 

Pourtant, soyons honnête, le seul dénominateur commun entre mes rêves, mes réussites et mes échecs, c’est moi !

 

Je rêve aussi de poser mon coeur sur un autre coeur qui battrait au même rythme que le mien. Etre comprise sans lutter, épaulée sans demander.

 

J’ai un filtre d’optimisme tellement large que j’entends le destin se bidonner en disant : « Y’a des trous dans votre casserole, Madame ! »

 

De manière imagée, je suis une oie blanche, qu’on peut gaver de conneries pour la dévorer en foie gras à Noël ! Et je suis consentante, bordel !

Allez-y, servez-vous, c’est l’open bar du grand n’importe quoi ! Le monde des Bisounours version qui pique sévère…

Venez vous défouler sur ma naïveté, je serais capable d’en redemander !

 

En fait, je suis maso ! Ça ne peut être que ça !

 

Du coup… Cette période de remises en question doit-elle me permettre de changer celle que je suis, de m’endurcir pour éviter de m’en prendre plein la face ?

 

Franchement, c’est hors de question.

 

Tant pis !

 

Sache, Monsieur-le-destin-qui-fout-indirectement-le-bazar-dans-ma-tête, que je ne t’offrirai pas mes espoirs et mes rêves comme en-cas à ton appétit vorace !

 

Je suis bien trop persuadée que le jeu en vaut la chandelle ! Rien ne pourra arrêter la force et la détermination dont je ferai preuve pour trouver le bonheur que je mérite. Faut-il que je foute tout en l’air et que je reprenne tout à zéro, je le ferai ! Je ne pourrais jamais vivre sans espoir, sans rêve. Jamais. C’est inconcevable.

 

Peut-être que d’autres de mes congénères humains imaginent avoir plusieurs vies et pensent qu’ils pourront rattraper leurs conneries dans la prochaine qui viendra.

Peut-être que la lâcheté et la peur d’être heureux font avoir à certains des réactions contraires à leur épanouissement. Ceux-là tu pourras sûrement réussir à les convaincre et à bouffer jusqu’à leurs derniers espoirs.

 

Ça ne sera jamais mon cas. Quand le bonheur passe devant moi, je l’empoigne et ne le lâche pas. Même si ça doit parfois me faire mal.

 

Evidemment, je suis toujours très blessée par l’attitude de certains de mes proches.

Bien sûr je suis encore en plein questionnement sur mon avenir professionnel. Les envies fusent, mais je n’ai aucune idée de ce qu’il adviendra de moi.  

 

Mais, quoi qu’il arrive, je me battrai toujours pour ce en quoi je crois, pour les rêves qui me tiennent debout.


Et tant pis si c’est un leurre. Tant pis si l’on se joue de moi.

 

Tant pis si je dois encore morfler pour réussir à croquer dans cette putain de carotte.

 

Cadichon un jour, Cadichon toujours !

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